l'histoire
des marais salant

HISTOIRE

À l'origine des marais de l’île de Ré

Jusqu’au Moyen Age, l’île de Ré était composée d’îlots: Ré, le plus grand, qui correspond à la partie sud de l’île actuelle et les îlots d’Ars et de Loix (l’îlot des Portes s’étant rattaché à celui d’Ars dés le premier millénaire). Peu à peu, les passes entre ces différents îlots se sont comblées par le dépôt naturel d’alluvions argileux :
Ainsi se mirent en place, grâce à ces sédiments imperméables et à des conditions climatiques propices, les éléments favorables à la création des marais salants rétais. Pour cela, ces terrains ont été gagnés sur la mer grâce à l’édification de levées préservant
Bien que les premiers marais salants rétais aient vraisemblablement été bâtis dés le XIIème siècle par les moines de l’abbaye de Saint Michel en l’Herm, seigneurs des îlots d’Ars et de Loix, l’activité salicole n’a réellement pris son essor qu’à partir du XVème siècle. Au XIXème siècle, il y a 1550 hectares de marais salants en activité (soit 18% de la surface de l’île de Ré). C’est alors l’apogée de la production salicole qui atteint plus de 30 000 tonnes par an et qui assure une grande part de la richesse de l’île.

A partir des années 1850, commence une longue période de déclin et d’abandon d’une grande partie des marais salants rétais. Le manque d’entretien des levées protégeant les prises entraîne la perte de certains marais à nouveau envahis par la mer. A l’aube des années 1990, les sauniers rétais semblaient voués à disparaître. Fort heureusement, à partir des années 95 une politique active de relance de l’exploitation salicole a permis à de jeunes producteurs de s’installer et de remettre en état des marais abandonnés, perpétuant ainsi ces savoirs-faire séculaires.

Les routes du sel

Le sel fut historiquement une des grandes richesses de l’île de Ré, sa fonction de conservation des aliments le rendait indispensable à l’activité économique. Il fut ainsi l’objet d’un commerce florissant au départ de l’île de Ré, surtout à destination de l’Europe du nord (Allemagne, Hollande, Danemark, Norvège ...) dont les flottes de pêche faisaient grande consommation. Les sels rétais alimentaient également le territoire français. 

Ces axes commerciaux étaient relativement complexes du fait de la fiscalité particulièrement lourde auquel le sel était soumis, le célèbre système de la gabelle. Ré expédiait son sel principalement vers les provinces du sud-ouest dites redimées, qui avaient racheté à la couronne le monopole des taxes et où le prix du sel était moins dissuasif. Ce véritable ‘or blanc’ rétais fournissait également les fermes générales des gabelles par la Loire et Orléans mais surtout par les ports du nord de la France comme Dieppe, Honfleur ou Rouen qui desservait notamment Paris...
Le commerce du sel s’effectuait essentiellement par voie maritime. Il était chargé sur des navires d’assez faible tonnage, appelés allèges, qui remontaient les chenaux des marais jusqu’aux charges, quai sommaires où s’effectuait le transbordement. Le transport du sel du tasselier (lieu de stockage du sel sur le marais) jusqu’au navire, était l’occasion d’une intense activité afin d’assurer ce charroi le temps d’une marée. L’allège partait ensuite transborder son chargement sur des bateaux de plus fort tonnage restés au mouillage en rade de Saint Martin ou dans la fosse de Loix. Lorsque le sel était destiné aux provinces redimées, les allèges se rendaient directement jusqu’aux ports fluviaux : Marans, Tonnay-Charente, Libourne ou Bordeaux.

Les chargements remontaient ensuite les rivières sur des gabares pour être diffusés par voie terrestre jusqu’aux lieux de consommation. Le sel de Ré fournissait ainsi les marchés jusqu’à Bayonne et Clermont Ferrand. A partir de 1898, une voie ferrée sur l’île de ré est venue compléter le transport maritime. Acheminé jusqu’à la Rochelle, le sel était ensuite expédié par train vers le reste du territoire. L’activité du ‘tramway salicole’ rétais a pris fin en 1935. Cette disparition fut précipitée par le déclin du commerce des sels rétais au profit de ceux de l’Est et du Midi produits à grande échelle et à moindre coût.